Victor Hugo
PLAISIR
Ö belle,le charmant scandale des oiseaux
Dans les arbres,les fleurs les prés et les roseaux,
Les rayons rencontrant les Aigles dans les nues,
L"orageuse gaîté des néréides nues
Se jetant de l'écume et dansant dans les flots,
Blancheurs qui font rêver au loin les matelots,
Ces ébats glorieux des déesses mouillées
Prenant pour lit les mers comme toi les feuillées,
Tout ce qui joue,éclate et luit sur l'horizon
N'a pas plus de splendeur que ta fière chanson
Ton chant ajoutait de le joie aux dieux mêmes,
Tu te dresses superbe.En même temps tu m'aimes;
Et tu viens te rasseoir sur mes genoux.Psyché
Par moments comme toi prenait un air fâché,
Puis se jetait au cou du jeune dieu son maître;
Est-ce qu'on peu bouder l'amour?Aimer c'est naître;
Aimer,c'est savourer,aux bras d'un être cher,
La quantité du ciel que dieu mit dans la chair;
C'est être un ange avec la gloire d'être un homme.
Oh! ne refuse rien.Ne sois pas économe.
Aimons! Ces instants-là sont les seuls bons et sûrs.
Ö volupté mêlée aux éternels azurs !
Extase ! ô volonté de là-haut ! Je soupire,
Tu songes.Ton coeur bat près du mien.laissons dire
Les oiseaux,et laissons les ruisseaux murmurer.
Ce sont des envieux. Belle , il faut s'adorer.
Il faut aller se perdre au fond des bois farouches.
Victor Hugo